Lune Noire : La Panthère Noire

dimanche 29 janvier 2017 - 20h45
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6,50€

La parole à l'organisateur

Dimanche 29 janvier - 20h45
Cinéma Utopia
5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif : 6,50 euros ou ticket d'abonnement Utopia

LA PANTHERE NOIRE

The Black Panther
Un film de Ian Merrick
Grande-Bretagne, 1977, couleur, 1h38, VOSTF
Avec Donald Sumpter, Debbie Farrington, Marjorie Yates, Sylvia O' Donnell, Andrew Burt, Alison Key...

Interdit au moins de 16 ans

Donald Neilson, vétéran des commandos au service de Sa Majesté rompu au combat et aux techniques de survie à l'époque des guerres postcoloniales, de retour à la vie civile dans une Angleterre en pleine récession, est un père de famille qui mène une double vie. Tyran domestique appelé à s'absenter régulièrement sur des chantiers de construction pour subvenir au quotidien du foyer, il se livre en réalité à des braquages meurtriers de bureaux de poste lors de raids nocturnes, le désignant comme l'ennemi public n°1 sous le nom de "panthère noire" en référence à son accoutrement. Déterminé à faire un ultime gros coup, il kidnappe une adolescente héritière d'une fortune et exige une rançon...

Depuis le courant "néo-réaliste" fondé par John Grierson dès la fin des années 20 en passant par l'émergence du Free Cinema en 1956 jusqu'à nos jours et les films de Ken Loach notamment, une des caractéristiques du cinéma britannique est son attachement au réel, puisant avec constance à la source documentaire. La vague de polars poisseux inaugurée en 1971 par GET CARTER (La Loi du Milieu) de Mike Hodges et VILLAIN de Michael Tuchner (avec Richard Burton dans le rôle du "salaud", titre français d'un film particulièrement teigneux) confirme d'une certaine façon cette tendance par le biais de sujets proches de l'actualité traités avec un réalisme blafard, la grisaille des quartiers déshérités des villes industrielles du Nord en constituant le plus souvent le décor.
Des cinéastes mal embouchés portent durant cette décennie un éclairage cru et désabusé sur une Angleterre sans rêve ni aspiration, au quotidien maussade et étriqué. No future.

Paradoxalement, ce sont deux réalisateurs américains qui en livrent la vision la plus sombre, dénuée de tout sensationnalisme, terrifiante dans leur description de la psychose de l'homme du commun : Sidney Lumet, avec THE OFFENCE et son inspecteur de police au bord de la folie, et Richard Fleischer dont L'ETRANGLEUR DE RILLINGTON PLACE relate les méfaits du tristement célèbre John Christie, tueur en série qui fit inculper et condamner à mort un innocent.

THE BLACK PANTHER ne déroge pas à la règle et s'inscrit magistralement dans ce noir sillon. À l'instar de Fleischer, le premier long métrage réalisé par Ian Merrick s'inspire d'un fait divers qui a ébranlé le Royaume-Uni dans les années 70. Produit en pleine crise du cinéma britannique avec une économie de moyens qui lui confère une sècheresse et une précision implacable, le film dresse le portrait d'un monstre ordinaire, criminel méthodique mais au final inapte dans l'action, précipitant brutalement chacune de ses "missions".
Porté par le jeu glaçant de Donald Sumpter, l'itinéraire de ce psychopathe instaure d'autant plus le malaise que l'incompétence de la police semble l'autoriser à frapper en tout lieu et à tout instant.

Objet avant même sa sortie en salle d'une controverse médiatique dénonçant l'exploitation crapuleuse d'un drame encore vif dans les mémoires (ce que contredit la sobriété efficace du scénario de Michael Armstrong), le film fut rapidement interdit de distribution et ne put bénéficier que d'une diffusion confidentielle en VHS.
Délivré d'un purgatoire de 40 années, il est urgent de (re)découvrir, grâce au distributeur UFO Films, THE BLACK PANTHER en tant que chef-d'œuvre désormais incontournable du film noir britannique.